1. |
Échecs
04:03
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ÉCHECS
À notre dernière partie d'échecs
Tu seras le champion
Tu remporteras avec ton étalon
Et je tomberai comme un pion
Je ne jouerai pas à mesurer mes mouvements
Je bougerai au pas-le-pas
Et si les pendules doivent arrêter le temps
Je t'attendrai comme ton dernier repas
Et nos tours, à la mort, est-ce qu'elles tomberont?
Et nos rois, est-ce qu'ils rajeuniront?
Ils aiment Dieu comme des enfants
Qui font encore des danses en rond
Mais tous les châteaux sont d'argile
Et tous les chemins sont bons,
Quand nos tactiques changent au prix du baril
Attaquons-nous à la file
Et je n'ai jamais vaincu aux échecs
Mais je n'abandonne pas la partie
Je ne plie pas face à la réussite
Ni ne succombe aux victoires prescrites
Je ne vois ni de perte ni de gain
Sur ce plateau du tout et du rien
Sur un échiquier qu'est-ce que j'ai à gagner
À coincer des fous avec des cavaliers
Pour troquer ma case contre un autre carré?
Non, je ne crois pas au damier
Je ne crois pas aux blanches maisons
Qui noircissent les eaux pour libre-marché
Je ne crois pas aux casques bleus
Qui travaillent à défendre des lignes tracées
Je ne crois pas au protec-Sionnisme
Qui éteint leurs feux pour mieux nous cacher
Je ne crois pas aux frappes préventives
Ni aux superstitions qu'il vaut mieux arracher
Et je ne crois ni à un jeu d'échecs
Ni aux blancs ni aux noirs ni à leurs prises de bec
Je ne crois ni à l'austérité ni aux terroristes
Ni aux stories scriptées
Je ne crois pas à la déficience ni à la défaite
Ni à la défaillance
Je ne crois pas à un jeu d'échecs
Où l'on se regarde en chiens de faïence
Et je ne crois pas aux policiers
Mais je crois aux pompiers et aux ambulanciers
Je ne crois pas aux pistolets, ni aux manipulés
J’crois aux bonnes poignées
Je crois aux portes bonnes à cogner
Aux maisons chargées d'hospitalité
Aux yeux enclenchés, aux lèvres armées
Je crois aux genoux qui tremblent de paix
Je crois aux fusils qui tirent des larmes
Pour tremper les murs, qu'ils deviennent des arbres
Je crois aux matraques contre le coup de blues
J'crois qu'on est le produit de l'ancienne partouze
De la muette explosion, et du sourd amalgame
Avant les cris des damnés et les creux des tranchées
Quand la nature vécut son bonheur des dames
Sais-tu que violence vient du latin vis
C’est la force vitale, synonyme de cervix
C'est mes cornes de cerf, c'est ma tête forte
C'est le feu de l'utérus et non pas de l'aorte
Dieu créa la femme pour contrer les armées
De spermes en guerre mais de la même coulée
De l'homme ignorant de ses propres multitudes
Alors il voit dans le monde une division Nord-Sud
Et il croit reconnaître le faible du fort
Mais ma violence rencontre ta solitude
Comme un dernier cri
Juste avant le naguère
Comme une poussée de fièvre face au pouls de la mort
Qu'au lieu d'accueillir on voudrait repenser
Et c'est la fin de l'autre qu'on voudrait réécrire
Pour se dire exister
Faire le point sur la vie
Allons jouer aux échecs
Coûte que coûte le succès
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2. |
Vol
03:56
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VOL
Montréal, ne me quitte pas
il reste des fantômes de moi
gardés par une autre lune
qui éclaire une autre dune
ma dune royale je suis venue à la nage
au nouveau monde en pèlerinage
j’ai égaré mon vol en V
écartelé quand j'ai voulu rêver
Les immigrants sont des émigrés,
ils arrivent d'un endroit quitté
les immigrés sont des émigrants,
des mouettes qu'on garde après le printemps
Juge-dépanneur
architecte-coiffeur
ôtèrent leurs rêves
et vêtirent les leurs
chirurgien-chauffeur
fait des raccourcissements,
avocat-boucher
fend sa viande la priant
de quitter sa terre de sang
des pères de familles qui volaient en V
quand le voyage les a enlevés
Une tristesse m'a envahie
et comme elle n'a pas de racines
elle flotte en moi comme une feuille morte
fait le voilier dans la bassine
Je suis le pion des
cafés comblés des
conversations des
gens bombés mon
souffle tente d'expier
mes souvenirs mal accordés
à l'hymne libre de cette terre
qui me nie toujours sa guerre
la recycle en westerns,
en orientaux barbus et ternes,
énergumènes
aux cultures bizarres
qui malgré tout font la une du devoir
Je veux pouvoir comprendre quelque chose
dans nos yeux engourdis de médiaprose
Dans nos maisons closes englouties aux appareils
à l'intérieur on s'endurcit
quand on s’rend pas la pareille
dans nos viscères refroidis
y’a des poètes déguisés
en ermites de l'éveil
oubliant la vérité
Quand on ne se connaît pas
on se cogne à ses propres pas
le corps est une frontière tactile
la franchir c’est pas facile
cerveau imprime sa première vraie peur
et teint le reste de la même douleur
alors vit-on dans le même monde
quand c'est l'imagination qui féconde?
on est pris dans le même cocon
que chacun tisse à sa façon,
des parcelles égarées
d'une douceur d'épines parés,
on vit ensemble pour crever
l’habit qui apprend la chenille à voler
La vie prend forme quand on est heureux
et perd son relief quand on lui fait grief
trouve un instant pour jardiner tes pensées
la devise du temps cherche à nous dépenser
S’occuper de la terre la remet en nos deux mains
occuper son esprit sème le lendemain
retenir les portes retarde tous les voyageurs
et c’est pas la fin du monde si on est pas tous à l’heure
chaque jour est porteur d’un répit mérité
On pleure nos souvenirs la nuit
nos paupières font le deuil de la vue
dans le creux du vol en V
il y a une absence
c’est le vent de la vie
qui berce nos mouvances
le temps
de bien
arriver
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3. |
Space Shepherd
01:14
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4. |
Sanscible
04:17
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SANSCIBLE
Ceci est un poème sur la maison à deux toits
Qu’elle donne sur un jardin ou sur une forêt de bois
Si ton chez toi a deux toits, peu importe si tu y joues
Quand tu fais tomber tes billes et les retrouves sur tes joues
Tes trois repas sont présents, mais tu les partages solo
Devant la télé qui s’esclaffe même quand c’est pas rigolo
Tes deux parents gagnent leur vie et la dépensent au boulot
Le pain est sur la planche mais eux sont
Au bout du rouleau
Il n’y a plus que le bouquin pour t’extirper de ce monde
À chaque page tournée, te voilà qui vagabondes
T’es le roi d’un territoire, mais jamais on ne l’a vu
Et tes repères sont fictifs tellement tu as trop lu
Et quand une maison a deux toits c’est deux fois pire s’il a plu
Si l’un d’eux casse, l’autre ne va plus
Deux triangles à l’étroit liés par un fossé
Où les flaques s’accumulent comme dans les chemins cabossés
Les pensées stagnent et le noyau fissure
Les tuiles s’effondrent et revoilà la blessure
Deux toits en éruption et ta maison a pris l’eau
Tu te bricoles une voile, un carnet sur un stylo
Tu te dessines une milice, des défenses de mots
Des éléphants de guerre, enrubannés d’arc-en-ciels
Des grenades au cessez-le-feu, enrobés de miel
Tu arrives avec ton tout, faut rien de moins pour combattre
Mais tes deux toits t’impressionnent, même tes cils n’osent pas battre
Et ta rétine imprégnée par une chimère, pleure
Et tu te demandes pourquoi ton repaire te fait si peur
Pas tous les enfants de guerre portent des uniformes
Et pas tous les enfants de paix rêvent de licornes
Mais tous les enfants du monde voient à travers des loupes énormes
Et parfois ça les rend forts et parfois ça les déforme
Et t’es parti de chez toi, mais t’es fidèle au répertoire
Tu révises ton histoire, t’écris ton devoir de mémoire
Et tu recherches tes deux toits dans des maisons déguisées
Pour te creuser une tranchée, et t’enterrer à trois
Pour mouliner ton moi entre deux pics aiguisés
Et fusiller tes rêves comme si tu n’avais pas le droit
Pas le droit de jouer, avant d’avoir uni
Ni le droit d’échouer, alors je me suis punie
Assiégée, tiraillée, un lance-pierre sans cible
Comme si j’étais née d’une étoile invisible
Je m'suis tirée dans le vide pour mourir dans l’océan
Comme une fusée perdue
La promesse du néant
Et c’est là que dans le rien, dans l’abandon blanc,
Les flocons effacent le sang.
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5. |
Camel Shepherd
00:43
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"Camels, come drink this way for the water is near"
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6. |
Tu es
03:54
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TU ES
Tu es allée t’enterrer là où la liberté est rare
Pour ne pas te permettre d’être bizarre
Tu es allée t’eclipser pour t’excuser d’avoir pensé
T’es allée te faire happer pour éviter de t’habiter
Tu es allée t’effacer pour ne pas te dépasser
T’es allée de cabosser pour ne pas dégringoler
Et t’es allée te rapetisser pour ne pas te rappeler
Que tu es allée te livrer à une bataille sans fond
Sans fondement fondamental
Sans fondement fondamental
On t’a étiquetée
Éthiquement guettée
On t’a moulée
On t’a caramélisée
On t’a décorée
On t’a décortiquée
On t’a éduquée éduquée et dupliquée
Et là t’es seul, seul dans tes cellules les linceuls de ton sang
Et tu es pris, pris dans un pari sous un dôme de vent
Et tu es froid, froid comme le ciment qui fait tomber l’argile
Froid comme l’ignorant que seul l’argent rend agile
Et tu es lent, lent à te relever de tes relents délavés,
Lent à te réveiller de tes plans esclavés
Dans le calendrier carré tu barres des années carrelées
On t’a étiquetée
Éthiquement guettée
On t’a moulée
On t’a caramélisée
On t’a décorée
On t’a décortiqué
On t’a éduquée éduquée et dupliquée
Et je suis là
Là comme le temps tissant les années-lumière
Là comme le soleil lissant les frontières qui nous grillent
Gris comme l’écaille de tes cailloux ruisselants
Seul comme l’amoureux, se faufilant dans ton puits sans trou
Ton trou puissant.
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7. |
Voice Shepherd
01:16
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8. |
Radwaniyat
01:50
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9. |
La liberté des sens
03:16
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LA LIBERTÉ DES SENS
Dieu a coupé son ongle dans la nuit,
Les planètes jonglent,
Mais la Terre fuit.
L'ordre du croissant se fait contrecarrer
C'est l'Islam en passant
Qui fait chanter les minarets.
Mais ce soir, c'est l'histoire
D'un faux Islam qui confond
La liberté des sens
Un calembour des plus profonds,
Quand le sens de ton aiguille
Aura pointé le fond
Rappelle-toi de mon histoire
De l'Islam des bouffons
J'ai pas l'air d'une voilée, encore moins d'une Arabe
Mais j'ai les yeux étoilés comme une ode à l’astrolabe
J'ai importé l'accent de mes profs venus de France
Nous enseigner la délivrance jusqu'au fond du Sahara
Et faire tourner l'argent
D'un état tueur d'enfances
Quand tu es dans l'embarras
Du choix, t'en as pas vraiment
Tu prends ta première chance.
Penses-y en te garant
Dans ta prochaine station d'essence
La fratrie en question
Une barbarie assourdite
Où les femmes sont battues
Par le pouvoir de la bite
Où la bière est interdite
Ainsi que le sale cochon
Tu comprendras jamais
L’étrange contradiction
Les fast-food à volonté
Les shopping malls des USA
Le mix des sexes c'est proscrit
Mais les hommes me vendent la lingerie?
Les films, les fêtes et tout c'qui bouge
Se font au noir, même les roses rouges
Au jour de la Saint-Valentin.
Et un bisou, c'est du gros cul
même entre Jasmine et Aladdin
C'est le leurre que j'ai vécu,
Une drôle d'adolescence.
Je sais, c'est trompeur
Et vexant, les apparences
Tu t'en souviendras d'ailleurs
En pompant ton essence.
Un jour un Québécois s'est moqué de mon accent
J'ai ri à mon tour, moi, et lui dis: "En passant,
Chui pas Françâyze, chui Libanâyze"
Y m’répond: "Moi chui Malalâyze"
Et mes parents sont musulmans
Mais on est pas des terroristes
Ils ont quitté le Liban
Ça présentait bien trop de risques
Conflits sectaires on connaît bien
Mais quand l'argent crée un lien
L'essence libre parcourt la Terre
Les accords n'existent que pour la guerre
Mais souviens-toi quand tu circules
Qu’il y a des femmes sans véhicule
C'est ça l'Islam de la phobie
Qui m’a voilée d’un noir habit
Qui m’a volé ma raison d’être
Pour financer tes kilomètres
En violant mon Islam de paix
Salissant ton relevé de paie
Dieu a coupé son ongle
Dans la nuit
Les planètes jonglent
Mais la Terre suit
L'ordre de la décroissance
Qui achète l'esprit pour vendre l'essence.
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10. |
Homework
03:57
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11. |
Family Shepherd
00:46
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"Come this way, where the music is"
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12. |
Montre
03:40
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MONTRE (For Teta)
J'ai
acheté une montre
Pour marquer le temps où
Tu es partie.
Où tu es partie?
J'ai
côtoyé les heures
Labouré la pa-ti-ence
À la petite aiguille
À la grande aiguille
J'ai acheté un compas,
Pour comp-
rendre par quoi
Tu es entourée, Par quoi tu es encerclée
Et j'ai
tracé une boussole, Qui
Traduit la lumière
Et j'ai pris une équerre
Pour calculer l'angle par lequel tu as fui
Mais tu n'es plus au sol, Et
tu n'es plus dans l'air
Alors j'ai pris un téléscope pour
Catapulter ma pupille
Et rattraper ton regard
Dans le grand éther
La vie une canne à pêche
La mort son hameçon
On lance son âme au loin
Sans égard aux fron-ti-ères
Alors j'ai acheté du fil
Pour rallonger le temps
Qu'il déroule lentement
Avant qu'on tombe à l'eau
Et j'ai pris des vers de terre
Pour en appâter d'autres
Et que tu restes des nôtres
Tu restes des nôtres
Le moulinet tournait
La ligne s'écourtait
Le temps faisait la cour à ta vélocité
Ta durée s'écoulait comme une pyramide
Dans un sablier tu as plié ton secret
Est-ce que t'as disparu de là où tu t'es pointée?
Un immense trou noir dans une femme éventrée
Est-ce que tu es passée par le détroit de l'infini pour
Aller à l'envers de quand t'étais en vie?
Par le puits de la lune est-ce que tu m'épies?
Ou par la passoire des étoiles de la nuit?
Ici on s'emmêle comme des spaghettis
Des rayons de sommeil des allumettes engourdies
Mais toi, est-ce que tu re-souffles comme la ferraille qui rouille
Ou comme la meringue quand elle naît de la douille?
La vie t'a fouettée dans les parois de ton ombre
Ton lit si douillet, tu t'habitues à ta tombe?
J'ai acheté une pelle pour voir où tu en es
Et j'ai vu des coccinelles sur le bout de ton nez
J'ai pris une échelle mais tu n'avais pas pris d'envol
Tu sous-louais la terre qui t'avait été bénévole
Les racines épousaient tes cheveux dentelés
Et sur ta fleur de peau la mousse étincelait
Mais si tu t'es transformée et que
Rien ne se crée
Et si
Tout est divin mais que
Rien n'est sacré
J'ai pris tout le matériel mais je ne t'ai pas retrouvée
Je t’ai cherchée dans tous les sens mais je ne t'ai pas retracée
Alors j'ai saisi ta pensée
C'est là que tu t'es déposée
C'est là que tu t'es montrée.
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HODA Montreal, Québec
YUL / LIBAN
== rap lyrique ==
Mon quatrain traine à quatre pattes / Enjambant le jambon blanc / Qui freine mes idées, c'est plate / Mais pour un vers j'ai bien le temps
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